26 juin 2013


Compagnie Les Charmilles. Un pont sur la Méditerranée


La Compagnie Les Charmilles explore des univers bien à elle. Sa dernière création, « Ras d'eau » mêle poésie et actualité, sur le thème de l'immigration clandestine et de la différence des cultures.

Depuis 2009, la Compagnie Les Charmilles de Ploufragan explore le lien entre le texte et la corporalité dans la création contemporaine. Ses deux acteurs, Mélanie Del Din et Ali Khelil, approfondissent des réflexions qui vont chercher au plus profond de l'humain ce qu'est, justement, l'humain. Les différentes créations « Vous, les Périscopés » ou la plus récente, « Ras d'eau », mettent en relief l'Homme sous toutes ses formes, avec beaucoup de poésie et de savoir-faire. La compagnie a également créé une lecture-spectacle autour de l'œuvre de Camus. Une façon de redécouvrir l'auteur et la richesse de ses textes. 

« Ras d'eau » le choc des cultures 

C'est lors d'un voyage à Lampedusa, île italienne située dans le canal de Sicile et passage obligé pour les clandestins en partance pour l'Europe, que l'idée d'une pièce de théâtre est née. Cette île à l'histoire douloureuse a été secouée, en 2011, par une révolte qui a contribué à creuser encore plus le fossé entre les clandestins et les habitants. « Je voulais rencontrer les gens là-bas, comprendre ce qui s'est passé, témoigne Ali. Quelques personnes ont essayé d'aider les clandestins, mais ce n'était pas la majorité de la population. J'ai alors voulu écrire la rencontre fictive entre les habitants et les clandestins ». Avec Mélanie, un texte mis en théâtre est actuellement en cours d'écriture. « Ce thème m'a intéressée, car il rejoignait celui des Périscopés. On s'intéresse à des personnes mises en marge de la société ». Après plusieurs résidences d'écriture, à la Maison Louis-Guilloux notamment, en Tunisie et même à Lampedusa, et aidés par des auteurs comme Gérard Alle, Jalila Baccar et François Cervantes, le texte s'est étoffé et a pris du relief. « Nous mettons en scène la rencontre d'une romancière et celle d'un immigré, Wajdi, qui débarque sur l'île pour tenter d'y retrouver son frère disparu. Chacun a des vies, des cultures différentes, mais leur quête est commune ». Au fur et à mesure de leur histoire, les deux personnages vont apprendre à se connaître, à s'accepter... 

Des lectures demain 

Le spectacle, lui, verra le jour en 2014. « Nous avons besoin, pour nourrir notre réflexion artistique et humaine, d'enrichir notre vision par celle de personnes issues de différents horizons, de provoquer l'échange par-delà les frontières grâce à la parole et au corps ». Demain, Mélanie et Ali proposent de lire quelques extraits de leur texte à la Maison Louis-Guilloux.


Perrine Morlière - Le Télégramme - 24 juin 2013